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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/102

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dentellement tombé du gréement. Mais l’instant d’après, j’entendis, provenant nettement des canots, les détonations d’une violente fusillade.

« Et comme, appuyé sur mon coude, je faisais effort pour me relever, j’aperçus devant moi le matelot de garde, immobilisé par deux des recrues, qui lui tenaient les bras, tandis que, par derrière, un troisième noir lui brisait le crâne d’un coup de tomahawk.

« Il me semble encore voir la scène : le réservoir à eau, au pied du grand mât ; l’homme rendu impuissant par les deux coquins, accrochés à lui, et le tomahawk s’abattant sur sa tête, dans le soleil aveuglant.

« Effroyable et rapide vision de mort, qui me sembla durer une éternité.

« Les jambes de l’homme se dérobèrent sous lui et il s’affaissa. Les deux noirs se laissèrent tomber avec lui, sans le lâcher, et deux coups supplémentaires parachevèrent l’œuvre commencée.

« Après quoi, les noirs coupèrent fort proprement la tête de leur victime. Ils étaient, évidemment, on ne peut plus experts en ce genre de travail.

« simultanément, je recevais moi-même un nouveau coup sur l’occiput. Je m’effondrai sans plus bouger, et la brute qui avait frappé crut en avoir fini avec ma personne.

« Je vivais encore, cependant, et je me rendis compte que la fusillade provenant des canots avait cessé. J’en conclus que, pour mes anciens compagnons comme pour moi, tout était fini.