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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/105

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crépues, armées de tous les Winchesters et de tous les Sniders dont elles s’étaient emparées, et une fusillade en règle se déchaînait vers Saxtorph.

« Heureusement, les noirs sont, de loin, de mauvais tireurs. Ils ne savent pas épauler. Quand ils se servent d’un fusil, c’est toujours à courte distance et en appuyant l’arme sur la hanche.

« Saxtorph, au contraire, sans rater un seul coup, continuait à canarder ces nouveaux ennemis.

« Quand un de ses fusils lui brûlait les doigts, il le reposait pour le laisser refroidir et utilisait l’autre. Le massacre accompli par lui était terrifiant.

« Si bien que les noirs, pris de panique, abandonnant précipitamment les canots, qu’ils firent chavirer, se jetèrent à l’eau afin de regagner la terre à la nage.

« La mer était tapissée de leurs têtes, qui flottaient comme des bouchons.

« Et Saxtorph tirait toujours. À chaque claquement de son fusil, une tête s’enfonçait dans les flots, pour ne plus reparaître.

« Certains de ses coups à longue portée furent ébouriffants. Un des noirs allait atteindre la terre et n’avait plus d’eau que jusqu’à mi-jambe. Une balle le faucha. Deux de ses congénères arrivèrent en courant pour le repêcher. Leur sort fut identique.

« Sur le navire, une vingtaine de recrues qui s’étaient réfugiées dans la cale tentèrent d’en sortir et, bondissant vers la lisse, de s’élancer dans la mer, Pas une n’y réussit. Dès qu’un noir sur-