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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/114

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qu’à voix basse, comme des conspirateurs craignant d’être entendus. Des Carolines à la Nouvelle-Zélande, on en usait pour faire peur aux enfants méchants.

Le capitaine Malou avait affermé les sauvages et la sauvagerie, la fièvre et la vie rude, et, tant par les balles des Sniders que par le fouet des contremaîtres, avait fait rendre aux têtes crépues, en holothuries et en bois de santal, en perles, en nacre et en écaille, en ivoire végétal, en noix de coco et en coprah, des millions de dollars[1].

Le petit doigt de la main droite du capitaine Malou, doigt qui d’ailleurs était cassé, contenait plus d’énergie et d’impavidité que toute la carcasse de Bertie Arkwright.

Mais les belles dames du Makambo ne pouvaient, cela se conçoit, établir leur jugement que sur les apparences et Mr Arkwright était, évidemment, beaucoup plus représentatif que le capitaine Malou.

Comme on approchait de Malaïta, Bertice, allongé sur un fauteuil du pont non loin du capitaine Malou, entreprit celui-ci sur le dessein qu’il avait formé de faire connaissance, d’un peu près, « avec la vie rouge et la vie saignante » des îles Salomon.

  1. Les holothuries sont, comme les oursins et les étoiles de mer, une variété d’échinodermes ; elles constituent, pour les Chinois, un mets apprécié. — On appelle ivoire végétal la substance intérieure de la graine du phytéléphas à gros fruits.