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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/115

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Le capitaine Malou approuva ce hardi projet, fort honorable pour celui qui l’avait conçu.

Là-dessus, Bertie ajouta qu’il était admirablement armé pour se défendre le cas échéant et, afin de le prouver, il sortit de sa poche un pistolet automatique ultra-perfectionné.

« Voyez, dit-il, capitaine ! Je pousse en place le chargeur — rien de plus simple — et je mets au cran d’arrêt, afin d’éviter tout accident. On ne saurait être trop prudent.

« Sous une pareille protection, je peux tenir tête à toute une armée de noirs. Chaque magasin me donne, à la file, huit coups à tirer, Le temps de presser huit fois sur la gâchette,

« Et je remplace aussitôt le chargeur épuisé par un chargeur neuf ! Voilà ce qu’on peut appeler une arme. » Ce disant, il braqua droit, vers l’estomac du capitaine Malou, le canon du pistolet.

De ses yeux bleus et froids, le capitaine Malou, sans un battement de ses prunelles, fixa l’arme pointée vers lui et observa :

« Vous seriez mille fois aimable de diriger ailleurs votre pistolet.

— Oh ! répondit Bertie, aucun risque à courir, mon cher. Le cran d’arrêt donne toute sécurité. Sans quoi, vous pensez bien.

— N’importe ! une arme est toujours dangereuse.

— Pas celle-ci, pour l’instant du moins, je vous le jure. Auriez-vous le trac à ce point ? Je ne l’aurais jamais cru.

— Détournez-la quand même. »

La voix du capitaine Malou était métallique,