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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/116

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autoritaire et calme. Et ses yeux bleus ne quittèrent pas l’orifice du pistolet jusqu’à ce que Bertie Arkwright eût fait comme il le demandait.

« Là ! Êtes-vous content, maintenant ? dit Bertie en souriant. Mais il n’y avait rien à craindre et je vais vous le prouver. »

Il appuya le canon contre sa tempe et fit mine de poser son doigt sur la détente.

Le capitaine Malou tendit la main vers le pistolet et brusquement s’en empara.

« Vous permettez ? dit-il. Je préférerais en faire moi-même l’expérience.

— À votre guise ! » riposta Bertie avec chaleur.

Tranquillement, le capitaine Malou dirigea l’arme vers la mer et pressa la gâchette. Une forte détonation se produisit et le sifflement d’une balle déchira l’air, tandis qu’une douille fumante tombait du chargeur sur le pont du navire.

« Vous pouvez maintenant, déclara le capitaine Malou, reprendre votre pistolet. Il fonctionne à merveille.

« Un, conseil, seulement. Soyez désormais plus prudent au cours de vos expériences de vie rouge et saignante aux îles Salomon. Car vous pourriez être, pour vous-même, un pire danger que les cannibales. »

Bertie Arkwright était blême comme la mort. On eût dit que le sang s’était retiré de son visage et des cercles noirs entouraient ses yeux.

Sa main tremblait, quand il reçut le pistolet.

« Je m’étais trompé… trompé… », balbutia-t-il en ricanant mollement.