Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de recrues de main-d’œuvre, fraîchement enrôlées.

Le second de l’Arla, Jacobs, un grand diable aux yeux noirs et à l’air grave, qui ressemblait plus à un professeur de collège qu’à un marin, expliquait à Bertie :

« Schwartz, voyez-vous, avait toujours passé pour un cerveau brûlé, Il embarqua dans une baleinière, pour Tulagi, avec un équipage de noirs dont quatre y devaient être officiellement fouettés.

« Car, vous ne l’ignorez pas, aux îles Salomon le droit de fouetter les noirs n’appartient qu’au Gouvernement,

« L’opération eut lieu dans les formes prescrites par la loi. Mais, au retour, la mer était assez agitée et le vent soufflait en rafales. Bref, la baleinière chavira et, comme par un fait exprès, Schwartz fut le seul noyé. Ce fut, cela va de soi, un accident.

— Un accident… En êtes-vous bien sûr ?

— Sans aucun doute, et tout à fait malencontreux. La preuve en est que pareille mésaventure advint à Johnny Bedip, qui s’en tira heureusement sain et sauf.

« Il ramenait, lui aussi, un certain nombre de noirs, qui venaient de recevoir le fouet à Tulagi.

Les noirs firent chavirer le bateau.

« Mais Johnny Bedip nageait aussi bien que les têtes crépues. Deux d’entre elles furent noyées, tandis qu’accroché d’une main à un aviron, Mr Bedip assommait, de la crosse de son revolver, quelques fouettés qui semblaient mal intentionnés à son égard.

« Encore un déplorable accident ! »