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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/122

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Le capitaine Hansen, qui s’était approché, intervint.

« Oui, commenta-t-il. Très fréquents, les accidents de ce genre, en ce fichu pays, Vous voyez bien, Mr Arkvwright, le timonier qui est au gouvernail ? C’est un mangeur d’hommes endurci.

« Il y a six mois, sur ce même bateau, oui, sur le pont même où nous sommes, l’ancien capitaine, mon prédécesseur, a été, près du mât de misaine, noyé accidentellement Par ce grand coquin, aidé du reste de l’équipage. »

Bertie Arkwright sursauta.

« Noyé sur le pont. C’est impossible.

— Très possible, appuya le second. Si vous aviez vu le coup !

— La vérité m’oblige à ajouter, reprit le capitaine Hansen, que la noyade eut lieu d’un coup de hache. Mais c’est une habitude, en ce qui concerne ce genre d’accidents, de s’exprimer ainsi.

« N’en soufflez mot à personne ! L’effet en serait désastreux pour les îles Salomon et aucun blanc ne voudrait plus s’y risquer. Les colons y sont déjà si peu nombreux !

— C’est-à-dire, pour parler clair, que l’équipage a assassiné son capitaine ?

— C’est à peu près cela… Il y avait, à parler franc, un peu de sa faute. Il ne se méfiait pas assez.

Il avait le dos tourné, quand ils lui ont réglé son compte.

— Mais… Et l’équipage actuel ?

— J’ai pris ce que j’ai trouvé de mieux, Il est trié sur le volet.