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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/124

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têtes crépues qu’elles portaient se lancèrent à l’abordage.

« Il y avait cinq blancs seulement à bord du navire naufragé, avec un équipage de vingt noirs, de Santa-Cruz et de Samoa, et soixante recrues. Des cinq blancs, un seul, le subrécargue, échappa à la mort, Le reste fut « kaï-kai ! »

— « Kaï-kai » ?

— Excusez-moi ! Je m’oublie à parler patois. Je veux dire qu’ils furent mangés.

« Il y eut encore le James-Edward, un autre navire qui n’était point laid non plus, et qui possédait surtout une merveilleuse mâture… »

— Mais, juste à ce moment, on entendit, par l’escalier, un fort juron, proféré sur le pont par le second. Un chœur de cris sauvages y répondit. Puis trois coups de revolver éclatèrent, que suivit le bruit d’un lourd plongeon dans la mer. !

Le capitaine Hansen s’était aussitôt élancé dans l’escalier et, tout en escaladant les marches quatre à quatre, il avait tiré de sa poche son propre revolver.

Bertie Arkwright en était comme médusé ! Il monta l’escalier à son tour, avec une grande prudence, et hasarda timidement sa tête hors de l’écoutille.

Il vit, de là, sur le pont du navire, le second, immobile, qui tenait à la ! main un revolver encore fumant, puis faisait brusquement volte-face, comme si un danger le menaçait par derrière.

« Un des noirs, dit le second, d’une voix étrangement caverneuse, est tombé par-dessus bord. Il ne savait pas nager et s’est noyé.