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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/126

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C’était un réduit fort élégant, mais effrayant entre tous, et un frisson lui courut dans le dos quand il y pénétra.

— La cloison à laquelle faisait face la couchette était décorée d’un râtelier garni de fusils. Sur la couchette elle-même, trois autres fusils chargés étaient posés. Et, sous la couchette, il y avait un grand tiroir. Bertie, l’ayant tiré, le trouva rempli de cartouches, de boudins de dynamite et de plusieurs boîtes de détonateurs.

_ Brr… Bertie Arkwright décida de coucher tout habillé sur un canapé qui se trouvait là, fort à point.

Il y avait aussi, dans un coin de la cabine, une petite table, sur laquelle, comme par un fait exprès, était posé, bien en évidence, le Journal du bord (hum ! hum ! hum !) de l’Arla.

_ — Bertie Fouvrit et le feuilleta, et y découvrit derechef des choses terribles.

Il y lut comment, le vingt et un septembre précédent, deux hommes de l’équipage avaient chu dans les flots et s’étaient noyés. Et, comme il savait lire entre les lignes, il comprit ce que cela signifiait.

Il lut encore comment la baleinière de l’Arla, assaillie par les noirs, à Soulou, le mois suivant, avait perdu trois hommes, qui, sans aucun doute, furent « kaï-kaï ». Comment aussi, le capitaine surprit un jour le cuisinier du bord, occupé à faire bouillir, dans la marmite de d’équipage, un rata de chair humaine, acheté en commun, pour ce grand régal, à Foui, la dernière escale.