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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/129

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« Il abattit ainsi un nombre incalculable de noirs et nettoya merveilleusement le pont de la goélette. Les survivants dégringolaient par-dessus bord et, sans prendre le temps de se hisser dans leurs pirogues, se sauvaient à la nage, à toute vitesse.

« Mais le second continuait de tirer. Il ne s’arrêta qu’à sa dernière cartouche.

« Ce fut là, sans conteste, pour un homme seul, un bel exploit. Eh bien, savez-vous ce qu’il y gagna, le second ? Sept ans d’internement aux îles Fidji ! En tirant sur les têtes crépues qui étaient dans l’eau, il avait, estima le tribunal, outrepassé ses droits.

« Alors la dysenterie, comme la noyade accidentelle, tue beaucoup de gens dans les îles. C’est, dans de pareilles conditions, un fichu métier que le nôtre ! Je vous parle en ami, Mr Arkwright… Vous ne me trahirez pas, j’espère.

— Vous pouvez compter sur ma discrétion, capitaine. »

Au cours de la journée, Bertie Arkwright, qui commençait à regretter sérieusement de s’être engagé dans cette aventure, se résolut à interviewer le timonier cannibale.

L’homme lui dit s’appeler Soumasaï, lui déclara qu’il avait passé trois ans à travailler dans une plantation du Queensland, qu’il avait été à Samoa, aux Fidji et à Sydney. Il avait navigué comme matelot sur des goélettes de recrutement, à travers toutes les îles océaniennes.

Et comme il avait parfaitement compris le jeu