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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/134

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l’Arla lui incombait, une garde dangereuse qu’il monta jusqu’à l’aurore, tant contre une attaque venant du rivage que contre une mutinerie possible de l’équipage.

Le lendemain et les jours suivants, l’Arla demeura au mouillage, attendant vainement le retour des recrues qui avaient pris la fuite.

Capitaine et second continuèrent à s’arracher les cheveux et à boire du simili-whisky à plein verre, laissant Bertie prendre, chaque nuit, sa faction.

Ils savaient, proclamaient-ils tout haut, qu’ils pouvaient compter sur lui pour cette tâche. Et, de son côté, il se promettait bien à lui-même que, s’il sortait vivant de cette incroyable tragédie, il rapporterait au capitaine Malou la honteuse conduite du capitaine Hansen et de son second.

Le septième jour, l’Arla fut entouré, à l’aube, d’une flottille de pirogues dont les occupants manifestèrent l’intention d’escalader le navire.

Bertie Arkwright, qui n’ignorait pas l’interdiction de faire parler la poudre à l’aveuglette, réveilla hâtivement le capitaine Hansen et le second.

Et bien lui en prit. Les noirs étaient les vingt-cinq recrues qui, d’elles-mêmes, demandaient à réintégrer le bord.

Mieux encore, ils amenaient avec eux un nombre égal de recrues nouvelles, qui signèrent incontinent leur engagement,

« Dieu soit loué ! ne put s’empêcher de s’exclamer le capitaine Hansen. Voilà une bonne besogne qui s’est accomplie d’elle-même. Qu’en pensez-vous, Mr Arkwright ?