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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/137

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Au même moment, il se sentit saisir par le bras, et crut que ce malheureux bras se disloquait, tellement Mr Harriwell mettait de zèle à attirer son hôte dans l’intérieur de la maison.

« Vous l’avez échappé belle, camarade ! dit le gérant. Vous n’êtes pas blessé, au moins ? »

Et il se mit à tâter et tripoter Bertie par tout le corps.

« Je ne saurais trop, gémissait-il, vous présenter mes excuses pour un aussi fâcheux accident. Jolie façon, en vérité, de recevoir un étranger !

« Et en plein jour encore ! Je n’aurais jamais soupçonné un pareil attentat. »

Bertie était pâle comme la mort.

« C’est ainsi, reprit implacablement Mac Tavish, qu’ils ont eu la peau de mon prédécesseur, N… de D… ! un homme magnifique.

« Sa cervelle éclaboussa toute la véranda. Avez-vous remarqué cette tache sombre, à la dernière marche de l’escalier ? On a eu beau la laver. Jamais on n’a pu la faire disparaître,

« Adieu ! Je vous laisse…

— Voyons ! Voyons ! déclara Harriwell avec énergie. Écartons ces pénibles sujets et asseyez-vous à cette table, Mr Arkwright. Vous ne refuserez pas un cocktail ? »

Bertie était tout à fait à point pour ingurgiter l’exquise boisson, que le gérant achevait de confectionner à son intention.

Faisant effort sur lui-même, il portait cependant la paille à sa bouche, quand un homme en culotte de cheval et molletières fit son apparition.