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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/144

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rompu et que Bertie, palpant son pouls, le trouvait accru de cinq pulsations.

Soudain, une détonation épouvantable retentit. La maison en trembla jusqu’au toit et le plancher parut se soulever, La vaisselle se brisa sur la table, et la grosse horloge s’arrêta.

Du coup, Harriwell se leva, et empoignant son Winchester, sortit pour rejoindre les combattants.

Il y eut une fusillade en règle, accompagnée de cris et de hurlements démoniaques. Puis tout se tut.

Quand les trois blancs revinrent dans la grande salle, Bertie n’y était plus.

IL s’était traîné jusqu’au bureau de Mr Harriwell et, après s’être barricadé derrière un rempart de tables, de chaises et de cartonniers entassés, s’était affalé sur le plancher en un cauchemar imbibé de genièvre, où il mourait mille morts, en écoutant la bataille qui faisait rage au-dessous de lui.

Il passa, dans sa forteresse, la fin de la journée et toute la nuit qui suivit.

Le lendemain matin, il se risqua à en sortir, encore vacillant et la tête lourde du genièvre absorbé. Et il trouva que le ciel était toujours bleu, avec Dieu, sans doute, dans son paradis.

Quant à ses hôtes, ils n’étaient ni morts, ni blessés, mais bien vivants, comme lui-même. Le cuisinier empoisonneur avait réintégré sa cuisine, De la véranda, on voyait des escouades de nègres aller et venir, bien en ordre, sous la conduite des contremaîtres.