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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/147

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Maouki avait trois tambos. Le tambo, en Mélanésie, correspond au tabou polynésien.

Les trois tambos de Maouki étaient les suivants :

En premier lieu, il ne devait jamais donner la main à une femme, ni permettre à une femme de le toucher, lui ou ses objets personnels.

Secondement, ne jamais manger de palourdes, ni aucun aliment cuit sur un feu ou dans un récipient où des palourdes avaient été cuites.

Troisièmement, ne jamais toucher un crocodile, ni naviguer dans une pirogue transportant la plus menue portion d’un crocodile, ne fût-ce qu’une dent de ce saurien.

Malaïta est la plus sauvage des îles Salomon. Si sauvage qu’aucun négociant étranger, ni aucun planteur n’ont jamais réussi à y prendre pied.

Tous ceux qui l’ont tenté, depuis les marchands de bois de santal jusqu’aux pêcheurs d’holothuries, ces coquillages qui font le régal des Chinois, ont été tués à coups de tomahawks,

Ou encore, d’une façon plus moderne, par les balles dum-dum des Sniders, dont les indigènes se sont fournis, par voie d’échange, auprès des trafiquants de passage.

Malaïta, en revanche, par l’intermédiaire de ses chefs, procure aux recruteurs de main-d’œuvre des travailleurs plus ou moins bénévoles, qui s’engagent par contrat à aller trimer dans les autres îles de l’archipel pour un temps déterminé et moyennant un salaire de trente dollars par an.

Car les indigènes de ces îles, qui se sont civilisés au contact des blancs, dédaignent aujourd’hui,