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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/148

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quelque prix qu’on leur offre, de travailler dans les plantations.

Maouki avait les lobes des oreilles démesurément étirés, et percés d’une vingtaine de trous.

Les plus petits de ces orifices étaient ornés de vis de cuivre, de clous de fers à cheval, de bouts de cordelettes, de feuilles de palmiers et, aux heures où le soleil était moins torride, pour éviter qu’elles ne se fanassent, de fleurs écarlates d’hibiscus,

Dans l’un d’eux, il portait également sa pipe de terre.

Les plus gros trous, où le fourneau de la pipe aurait pu passer tout entier, étaient garnis de bouchons de formes variées, taillés dans du bois, et de vieilles cartouches.

Maouki portait en outre, dans sa chevelure, un couteau dont la lame était repliée sur une mèche crépue.

Notre homme, on le voit, était éclectique dans sa parure et n’avait pas besoin de poches :

Où ces poches auraient-elles, d’ailleurs, trouvé place ? puisqu’il n’avait, pour tout vêtement, qu’une bande de calicot, de quelques centimètres de large, dont il se ceignait les reins.

Mais le bijou qu’il arborait avec le plus d’orgueil était l’anse d’une ancienne tasse de porcelaine, suspendue à un grand anneau d’écaille, lequel passait à son tour dans le cartilage du nez.

En dépit de tous ces colifichets, Maouki était au demeurant ce qu’on, peut appeler, en Mélanésie, un joli garçon.