Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nuit, avec deux repas seulement pour se sustenter. La nourriture, au surplus, manquait totalement de variété.

Durant des semaines entières, rien d’autre au menu que des patates douces. Puis, durant d’autres interminables semaines, rien que du riz.

En alternance avec les travaux de défrichement, Maouki avait pour tâche d’écorcer les noix de coco et d’entretenir les feux où se préparait le coprah.

La fumée de ces feux produisait une terrible inflammation des yeux et quand Maouki en était aux trois quarts aveugle, on le remettait à couper la jungle et à abattre des arbres.

Comme il était habile à manier la hache, il fut ensuite attaché à une équipe de pontonniers. Pour une faute qu’il avait commise, il passa un mois dans celle des constructeurs de routes, la plus fatigante de toutes.

Ou bien encore il était utilisé comme rameur, quand les baleinières partaient quérir du coprah dans les autres îles ou lorsque les hommes blancs s’en allaient pêcher à la dynamite.

Entre temps, il apprit le « bêche-de-mer »[1], qui lui permit de converser soit avec les blancs, soit avec les autres noirs recrutés un peu partout et qui parlaient tous des dialectes différents.

  1. Le « bêche-de-mer » est, comme nous l’avons déjà vu un poisson comestible qu’on rencontre dans les eaux du Pacifique. Son nom a été donné au jargon spécial, mélange d’anglais, de français et de patois locaux, dont usent les colons quand ils s’adressent aux noirs, dans les îles océaniennes. C’est, dirions-nous, du « petit-nègre ».