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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/157

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Il connut également que, quand un blanc avait parlé, il tenait toujours parole.

Si un bâton de tabac avait été promis à un noir en guise de récompense, le noir le recevait.

Si défense avait été signifiée à un noir d’accomplir tel ou tel acte, sans quoi on lui ferait « sonner sept cloches », et si le noir ne tenait pas compte de l’interdiction prononcée, les sept cloches sonnaient.

Maouki s’était d’abord demandé ce que sonner sept cloches pouvait bien signifier.

Mais il se rendit compte rapidement que ce terme de bêche-de-mer voulait dire appliquer au coupable une telle raclée que le sang lui giclait du corps et que, parfois même, ses dents sautaient.

Et Maouki sut encore qu’aucun noir n’était puni ni frappé sans raison. Même quand les blancs étaient ivres, ce qui leur arrivait fréquemment, ils ne passaient pas leur ivresse sur un innocent.

Maouki, au total, se trouvait fort mal de sa situation, Il n’oubliait pas qu’il était fils d’un chef et, comme tel, il haïssait la contrainte.

Il avait la nostalgie du sol natal, principalement de Port-Adam, dont il avait été enlevé depuis tant d’années.

Bref, un jour vint où il décida de s’échapper.

Il s’enfonça dans la brousse avec l’idée de s’y cacher le temps nécessaire, puis de redescendre à la mer et de s’emparer secrètement de quelque pirogue, dans laquelle il s’en retournerait à Malaïta.