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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/161

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Port-Adam s’éloignait de plus en plus.

Maouki, hanté par l’idée fixe de fuir à tout prix, parvint une nuit, à voler une pirogue.

Il pagaya seul vers la côte orientale d’Ysabel. mais ne réussit qu’à se faire capturer aux deux tiers de la route par les blancs du lagon de Moringe.

Il leur échappa huit jours après, et se réfugia dans la brousse.

Mais, à Ysabel, la brousse est inhabitée et il n’y a dans l’île que des hommes d’eau salée, tous convertis à la religion chrétienne.

Les blancs promirent une récompense de cinq cents bâtons de tabac à qui capturerait Maouki.

Et chaque fois que Maouki se risquait vers la mer, dans le dessein de voler une pirogue, il était immédiatement repéré et pourchassé.

Quatre mois s’écoulèrent ainsi, sans qu’il pût être prise, et les hommes blancs portèrent la récompense à mille bâtons de tabac.

Maouki fut finalement appréhendé et renvoyé en Nouvelle-Géorgie.

Or, mille bâtons de tabac, dont le remboursement lui incombait, représentent cinquante dollars. Soit un travail supplémentaire d’un an et huit mois.

De ce fait, Port-Adam était maintenant à cinq ans de distance.

Pas un instant, la pensée ne vint à Maouki d’accomplir ces cinq années de servitude.