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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/163

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« Nous allons, déclara, à son arrivée, Mr Haveby, envoyer ce coco-là à l’île Lord-Howe. C’est là que réside Bunster et nous laisserons ces deux têtes de fer s’arranger entre elles. Le résultat inévitable en sera que Maouki aura la peau de Bunster, ou Bunster celle de Maouki. Dans un cas comme dans l’autre, ce sera pour nous un bon débarras. »

Si, partant d’Ysabel, on gouverne droit vers le Nord, on rencontre, au bout de cent cinquante milles, l’île Lord-Howe. Île annulaire et sablonneuse, qu’encercle un rempart de coraux.

Son pourtour ne dépasse pas une centaine de milles et, à son point culminant, le sol atteint tout juste dix pieds d’altitude.

Géographiquement, elle se rattache aux îles Salomon. Mais ses habitants, que des migrations successives y ont amenés, sont de race, de mœurs et de langage, en majeure partie polynésiens.

Pas un blanc ne visite jamais Lord-Howe. Thomas Cook et Fils n’y amènent pas leurs touristes. Ils en ignorent l’existence.

Aucun missionnaire n’y est, non plus, jamais venu prêcher la foi chrétienne.

À la suite de quelques sanglantes leçons, que leur valurent des massacres de blancs qui s’étaient risqués à aborder, les indigènes sont, aujourd’hui, doux comme des moutons.

Pour rien au monde, ils n’oseraient toucher à un cheveu de ces hommes d’une race supérieure qui leur ont imprimé, au fer rouge, un respect salutaire.

Lord-Howe n’en a pas moins conservé une