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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/169

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Il en allait de même avec les palourdes qui, elles aussi, étaient tambo.

Bunster ordonnait à Maouki de fricasser, pour cinq ou six jours, des ratas de palourdes qui abondaient à marée basse sur le sable du rivage.

Maouki aimait mieux jeûner que de violer son tambo. Mais Bunster n’admettait pas ce point de vue et commandait à Maouki d’ingurgiter sa part de rata.

Plutôt que d’obéir, Maouki eût mille fois préféré mourir. Alors les coups pleuvaient et effectivement Bunster l’aurait tué, s’il avait eu sous la main, pour le remplacer, un autre domestique.

Un des jeux favoris de Bunster était encore d’empoigner Maouki par sa tignasse crépue et de s’en servir pour lui cogner la tête contre les murs de la maison. La résonance du crâne mettait Bunster en une joie sans pareille.

Ou bien il appliquait soudain l’extrémité de son cigare sur la peau du pauvre diable. Il appelait cela une « vaccination » salutaire.

Et Maouki était vacciné plusieurs fois par semaine, quand ce n’était pas plusieurs fois par jour.

Une fois même, dans son délire du mal, Bunster alla jusqu’à arracher du nez de Maouki l’anneau d’écaille et l’anse de porcelaine qui y pendaient.

Le cartilage nasal, où passait la précieuse pendeloque, en fut déchiré et le sang ruissela.

Sous la douleur éprouvée, le visage de Maouki se crispa.