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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/173

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Il commença par enlever tous les revolvers puis la moufle de raie.

Le premier contact avec Bunster fut une légère friction, qui emporta à celui-ci la peau du nez.

« Moi, n’est-ce pas, être bon serviteur et aimer beaucoup maître blanc ? » ricana Maouki.

D’une seconde friction, il mit à nu le front de l’homme. D’une troisième et d’une quatrième, il lui dégarnit les deux côtés de la figure.

« Ris donc, damné blanc ! Allons, ris ! » cria-t-il.

Consciencieusement, tandis que Bunster poussait des hurlements épouvantables, Maouki accomplit son œuvre.

Dans toute l’île on entendit le grand bruit qu’il avait annoncé. Mais nul ne bougea.,

Son travail terminé, Maouki emporta dans la baleinière tout ce qu’il trouva de fusils, de revolvers et de munitions, sans oublier la boussole.

Dans le magasin, il fit main basse sur les caisses de tabac.

Tandis qu’il poussait à l’eau la baleinière, dans la nuit tombante, une chose hideuse apparut — un être humain, dépourvu de peau, de la tête aux pieds, qui dégouttait de sang et courait sur le sable en grimaçant et en baragouinant on ne sait quoi.

Puis la chose s’effondra.

Alors Maouki s’en alla couper la tête de Bunster, qu’il enveloppa dans une pièce de calicot et plaça dans un coffre, à l’arrière de la baleinière.

Ensuite il dressa le mât, mit à la voile et, poussé par l’alizé du Sud-Est, navigua vers Malaïta.