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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/177

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Le personnage en question se nommait Mac Allister.

Il n’était plus jeune et, quand il marchait, vacillait terriblement sur ses vieilles jambes. Atteinte de paralysie agitante, sa main tremblait, elle aussi.

Et le tremblement redoublait quand Mac Allister se versait son whisky. Mais il arrivait quand même à n’en pas répandre une goutte.

Il habitait la Malaisie depuis une trentaine d’années, en avait parcouru toute les îles, de la Nouvelle-Guinée jusqu’aux îles Salomon, et avait poussé jusqu” à la Polynésie,

Il s’était si bien identifié au pays où il vivait, qu’il en avait abandonné sa langue maternelle pour ne plus parler, comme les indigènes, que ce patois bâtard, appelé « bêche-de-mer ».

C’est ainsi, quand nous conversions, tous deux, que « soleil il monte > » signifiait le lever du soleil ; que « cacayo reste là » voulait dire : le dîner est servi ; que « ventre à moi se promène » exprimait, poétiquement, qu’il avait mal au ventre.

Brûlé intérieurement par les liqueurs fortes, cuit à l’extérieur par les soleils torrides, c’était, au physique, un petit homme, sec et maigre comme un hareng, une scorie vivante, non encore refroidie, un morceau de mâchefer qui se mouvait avec raideur, comme un automate.

Il ne pesait pas plus de quatre-vingt-dix livres. On eût dit que le moindre coup de vent allait l’emporter.

Mais ce qu’il y avait de plus surprenant encore