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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/180

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à lui, ni les maladies de peau et les ulcères pernicieux auxquels noirs et blancs paient couramment tribut sous ces climats.

Sans doute était-il tellement saturé d’alcool que les mauvais germes en étaient découragés et reculaient à l’idée d’aller se loger sous sa peau.

Volontiers je me-représentais une pluie de bacilles, tombant à terre foudroyés pour avoir tenté de s’attaquer à cette éponge imbibée de whisky.

Bref, personne n’aimait Mac Allister, les microbes pas plus que les indigènes. Et il n’aimait, quant à lui, que le whisky, dont il s’obstinait à vivre.

Je n’arrivais pas à comprendre comment cinq mille noirs supportaient, sans réagir, tous les bons plaisirs de ce tyran ridé et desséché.

Je considérais comme un fait miraculeux que depuis longtemps son compte ne lui eût pas été soudainement réglé.

Car, à la différence des Mélanésiens, dont la couardise est proverbiale, les Polynésiens qui peuplaient cette île étaient des guerriers dans l’âme et bombaient leur poitrine avec orgueil.

Dans le grand cimetière d’Oulong, à la tête et au pied des tombes, étaient déposés quantité de trophées, attestant un passé historique peu pacifique.

Longs coutelas à découper la chair des baleines et cuillers pour en recueillir la graisse, harpons et javelots à pointe de cuivre, vieilles baïonnettes et poignards rouillés, petits canons dont s’arment les navires de commerce et briques de fourneaux, de fabrication étrangère, voisinaient avec d’anti-