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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/183

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« Il-dort vraiment ? demanda Mac Allister.

— Et d’un sommeil profond. »

Mac Allister entra là-dessus dans une telle colère que le premier ministre se sauva en hâte… et reparut bientôt avec le roi demandé.

Les deux noirs formaient un couple magnifique, où le roi était le plus superbe. Il mesurait bien six pieds trois pouces, et ses traits réguliers présentaient ce profil aquilin, très pur, que l’on rencontre fréquemment parmi les Indiens de l’Amérique du Nord.

Il avait été mis au monde et moulé à souhait pour commander.

Ses yeux flambèrent de honte et d’indignation, à quand, sans la moindre aménité, Mac Allister lui donna l’ordre de quérir dans son village un cent de ses meilleurs danseurs, mâles et femelles, et de les lui expédier sur-le-champ.

Il obéit pourtant.

Danseurs et danseuses vinrent se présenter en courant à toutes jambes, et, devant la véranda où Mac Allister et moi étions tranquillement assis à l’ombre, se démenèrent et dansèrent fort bien, ma foi ! durant deux mortelles heures, sous le soleil de feu.

Au bout de ce temps, Mac Allister leur commanda de déguerpir, avec, en guise de remerciements, force injures et railleries.

L’abjecte servilité de ces noirs puissants me déconcertait plus que je ne saurais dire, et de ce pouvoir paradoxal de l’Écossais j’arrivais à éprouver, moi aussi, un vague malaise.