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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/191

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« Cette façon d’opérer divisait les forces des blancs et les écartait les uns des autres jusqu’à une distance qui allait parfois jusqu’à cinquante milles.

« Notre roi et ses notables tinrent conseil, et il fut décidé que les hommes blancs étaient de grands sots.

« Avec une trentaine d’autres noirs, je ramai tout l’après-midi et toute la nuit pour aller prévenir les gens de Paoulou que, dès le matin, ceux d’Oulong viendraient tous attaquer les campements des blancs. Ils donneraient quant à eux, l’assaut à la goélette.

« Ainsi fut fait. Et, quoique moi et les autres noirs qui m’accompagnaient nous fussions très fatigués d’avoir ramé, nous nous joignîmes, pour l’attaque du navire, aux gens de Paoulou.

« Le capitaine, qui était justement descendu à terre avec trois de ses noirs, fut surpris et tué. Non sans avoir, à l’aide de ses deux revolvers, abattu au préalable huit d’entre nous.

« Le second, demeuré sur la goélette avec quatre autres noirs, en voyant ce qui se passait, mit à l’eau un petit youyou qui ne mesurait pas certainement plus de douze pieds de long, y fit descendre des vivres, dressa la voile et, les noirs se courbant sur les avirons, prit prestement la fuite.

« Nous, de notre côté, un millier d’hommes au total, soufflant : dans nos conques de guerre et entonnant le chant de la bataille, dans nos innombrables pirogues dont nous frappions le bordage en cadence avec nos pagaies, nous nous ruâmes sur la goélette.