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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/200

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« Les six hommes étaient porteurs de la redoutable sorcellerie et une terrible maladie ne tarda pas à se propager par toute l’île.

— Oui, oui ! je comprends le tour ! m’écriai-je, en interrompant Oti. Des cas de rougeole s’étaient déclarés parmi l’équipage d’une des goélettes et les six noirs avaient été volontairement contaminés.

— Une terrible maladie, ma parole ! poursuivit Oti. Jamais les plus vieux d’entre nous n’avaient entendu parler d’une aussi puissante sorcellerie.

« Nos prêtres, sommés de nous en débarrasser, n’y purent parvenir et nous les tuâmes, pour les punir de leur incapacité.

« Des dix mille que nous étions encore quand nous nous réfugiâmes sur le banc de sable, trois mille vivants seulement demeuraient, lorsque la sorcellerie nous quitta.

« Tous nos cocos ayant, en outre, été convertis en coprabh, il y eut dans l’île la famine, Aujourd’hui, la population s’est un peu augmentée et nous sommes cinq mille.

« Mac Allister, conclut le vieux nègre, est en soi une poussière d’homme, un chien malade que guette la mort, une simple palourde. Nous n’avons personnellement aucune crainte de lui. Mais nous avons peur de l’homme blanc qu’est ce trafiquant.

« Car ailleurs il a des frères, des frères qui combattent comme des démons : si nous touchions à un seul de ses cheveux, ils ne manqueraient pas d’accourir pour nous punir.

« Bien souvent, il nous met en grande colère,