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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/248

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De la pirogue dans laquelle il remontait le cours inférieur et paresseux de la Rewa, John Starhurst contemplait, avec une aspiration ardente, les hautes et vaporeuses montagnes qui forment l’épine dorsale de la Grande-Terre.

Par moments, il priait. Dans d’autres, il encourageait Naraou, qui semblait en avoir grand besoin et qui répondait :

« Maître, je suis vraiment la nef bien faible du Seigneur.

— Allons ! Allons ! rétorquait le missionnaire.

Il faut avoir en Dieu une foi plus robuste ! »

À une heure en arrière, ce jour-là, une autre pirogue remontait aussi, sans se faire voir de la première, le cours de la Rewa.

Elle était montée par Erirola, cousin germain et homme de confiance de Ra Vatou, à qui pareillement elle appartenait.

Près d’Erirola était soigneusement posé un petit panier. Et, dans le petit panier, se trouvait une dent de cachalot. C’était une dent magnifique, d’au moins six pouces de long, d’un admirable dessin, et dont l’ivoire était devenu avec le temps d’un jaune pourpré. Elle était, comme les deux pirogues, la propriété de Ra Vatou.

Et, dans les îles Fidji, quand une dent semblable se promène, des événements importants ont coutume d’en résulter.

Voici quelle est, en effet, sa vertu.