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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/258

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Ou le chef dont tu me parles est un méprisable avare, ou tu es, quant à toi, un grand sot de t’en venir jusqu’ici les mains vides.

« Regarde plutôt. Un plus généreux t’a devancé. »

Et le Bouli montra à John Starhurst la dent qu’il avait, reçue d’Erirola. À cette vue, Naraou poussa un sourd grognement.

« La dent, murmura-t-il à l’oreille du missionnaire, a été envoyée par Ra Vatou, à qui elle appartenait. Je la connais bien… Nous sommes trahis. »

Starhurst passa la main dans sa longue barbe et rajusta ses lunettes.

« Jolie dent, en effet, répondit-il au Bouli. Si Ra Vatou l’en a fait si gracieusement hommage, c’est afin, j’en suis persuadé, de me préparer près de toi un accueil favorable. »

Mais Naraou gémit plus profondément et, blêmissant sous sa peau noire, s’écarta craintivement de John Starhurst.

« Ba Vatou, Ô Bouli, poursuivit le missionnaire, a décidé de se faire chrétien. À toi aussi je suis venu apporter le « Lotou ».

— Je n’en veux pas, de ton « Lotou », riposta le Bouli, avec arrogance. J’ai plutôt dans l’idée que tu seras bientôt assommé. »

Le Bouli fit un signe à l’un de ses énormes noirs, qui s’approcha en balançant une massue.

Naraou s’élança dans la paillote la plus proche, afin de s’y cacher parmi les femmes et les nattes.

John Starhurst, au contraire, bondit vers le noir