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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/261

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sant de toute sa taille dans un rais de soleil, il pria à haute voix.

Il représentait bien la mystérieuse figure de l’homme blanc qui, au péril de sa vie, affronte le sauvage au plus profond de son repaire et, par la Bible, les balles de son fusil ou la bouteille de rhum, prétend, à tout prix, le convertir.

« Pardonne-leur, Seigneur ! priait-il, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Aie pitié d’eux, dans ta compassion universelle.

« Ton divin Fils est mort sur la croix, afin que tous les hommes puissent, un Jour, devenir aussi tes enfants.

« Nous sommes venus de toi, et vers foi nous désirons retourner. La terre est sombre, Seigneur. Là-haut est la lumière.

« Étends ta main toute-puissante sur les pauvres habitants des Fidji. De la damnation éternelle daigne sauver ces infortunés cannibales. »

Le Bouli s’impatienta.

« Tu parles beaucoup, dit-il. C’est maintenant à moi de prendre la parole. »

Et il souleva des deux mains sa massue, puis la laissa retomber.

Toujours blotti parmi les femmes et les nattes, Naraou entendit, en frissonnant, le choc lourd du coup.

Il comprit que John Starhurst avait été abattu, mais vivait encore.

Car, tandis que retentissait le chant de la mort et que le corps était traîné au four, la voix du missionnaire murmurait :