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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/44

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de la Bounty, lorsque le bateau se fut échoué à Pitcairn.

« C’est une vieille histoire dont je n’ai jamais bien connu les détails. Il y eut, je crois, dans l’île des troubles graves auxquels blancs et indigènes furent mêlés.

— Oui, de grands, de très grands troubles, approuva Mac Coy. Quoique je n’en aie, cela va de soi, jamais rien connu que par oui-dire. Voici, du moins, ce qu’on m’en a raconté :

« La Bounty, vous le savez, était un navire anglais, Son équipage était composé de fort méchantes gens, qui, tous, plus ou moins, étaient promis à la potence.

« Et ils avaient avec eux des femmes, qui étaient toutes des Tahitiennes.

« Dans ces conditions, de graves ennuis étaient inévitables avec la population de Pitcairn, encore à demi sauvage.

« Un des matelots, pour commencer, perdit sa femme. Elle tomba de la falaise en chassant les oiseaux de mer, et se tua.

L’homme, alors, prit la femme de l’un des indigènes. Tous les habitants de Pitcairn en furent fort irrités et, en représailles, ils égorgèrent par surprise une partie de l’équipage.

« Les survivants voulurent, cela va de soi, venger leurs camarades et beaucoup d’insulaires furent massacrés.

« Les femmes de l’île s’en mélèrent. Les unes prirent parti pour leurs pères, leurs fils ou leurs maris ; les autres, pour les blancs.