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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/51

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Seuls flambèrent quelques bouts de cordages, enduits de goudron. L’un d’eux tomba en plein sur la nuque du capitaine Davenport qui, comme un homme piqué par une abeille, saisit le brandon d’un geste impétueux et l’arracha de sa peau, entamée déjà.

Le Pyrénéen pénétra enfin dans le lagon. C’est à peine si le capitaine Davenport pouvait encore tenir les poignées de la roue entre ses mains, où se formaient des ampoules et qu’il frottait, de temps à autre, contre son pantalon.

La barbe de Mac Coy commençait à griller elle aussi, et dégageait une forte odeur de roussi.

Une nouvelle ruée de flammes fusa près des deux hommes, qui rapidement se courbèrent vers le mât d’artimon : cette fois, toutes ses voiles s’embrasèrent et furent, en un instant, dévorées.

« Cela, dit Mac Coy, n’a plus maintenant d’importance. L’élan du navire est suffisant, »

Quelques minutes après, en effet, le Pyrénéen toucha. Son avant se souleva et il racla doucement de fond de sable du lagon, écrasant sous sa quille le corail fragile dont celui-ci était parsemé.

Sous le choc, si moelleux qu’il eût été, une pluie de débris incandescents s’abattit des mâts sur le pont du navire.

Le Pyrénéen avança encore un peu et toucha une seconde, une troisième fois, puis s’immobilisa.

Dans les tourbillons de flammes et de fumée, le troisième canot fut mis à la mer.