Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Tahiti et de l’archipel des Pomotou[1] : hommes, femmes et enfants, avec tout leur bazar, leurs coffres, leurs nattes pour dormir, leurs paquets de couvertures et de vêtements.

La saison de pêche des huîtres perlières venait de s’achever et toute cette main-d’œuvre noire regagnait ses foyers.

Les six passagers de cabine se livraient au négoce des perles. À savoir : deux Américains ; Ah Choun, un Chinois, qui avait à un degré surprenant toute l’allure d’un blanc ; un Allemand ; un Juif polonais. Je complétais la demi-douzaine.

La campagne avait été excellente et, parmi les noirs comme parmi les blancs, personne n’avait lieu de se plaindre. Chacun avait fait ses affaires et aspirait à se donner un peu de repos et de bon temps.

L’intérieur du navire était, par surcroît, bondé jusqu’aux écoutilles de nacre et de coprah[2].

Le pont offrait un spectacle extraordinaire et c’est à grand-peine que l’équipage y pouvait manœuvrer. Outre les noirs et leurs bagages, on y rencontrait des cochons et des poulefs, des sacs d’ignames[3] s’y empilaient. Pendus à des cordages tendus entre les mâts, des guirlandes : de cocos frais et des régimes de bananes décrivaient en l’air leurs festons.

  1. L’archipel des Pomotou est situé à l’Est de Tahiti. Il fait partie de la Polynésie et appartient à la France.
  2. Le coprah est l’amande de coco, débarrassée de sa coque, puis desséchée et prête à être mise au moulin pour en extraire l’huile.
  3. L’igname est une plante grimpante, dont les racines fournissent une farine connue sous le nom d’arrow-root.