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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/59

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Mais elle se renversait, cette fois, vers la gauche avec une insistance qui était bien propre à bouleverser la cervelle même de l’homme mal dégrisé que j’étais encore.

J’attirai sur ce fait anormal l’attention du capitaine Oudouse. Il me répondit que je ne lui apprenais rien et qu’il regardait lui aussi, depuis le matin, l’aiguille.

Il donna tous les ordres nécessaires, qui se réduisaient, au surplus, à carguer les grandes et les petites voiles, en ne conservant que la « voilure de tempête », et à tendre, partout où il se pouvait, des cordes solides où s’accrocheraient les gens pour n’être point emportés par les vagues.

Nous étions visiblement sur la route directe de l’ouragan. L’accroissement progressif du vent correspondait à la baisse régulière du baromètre.

J’estimais qu’il eût été préférable de virer carrément de bord et de fuir, le plus loin possible, avec l’ouragan dans le dos, jusqu’à ce que s’arrêtât la chute du baromètre et que le vent se lassât.

Mais tel n’était pas l’avis du capitaine Oudouse. La discussion fut entre nous si orageuse qu’il en piqua une crise de nerfs. Et il ne céda point.

J’entrepris, à ce sujet, l’Allemand et les deux Américains, les suppliant d’intervenir, de concert avec moi, près de l’obstiné capitaine. Ce fut en vain.

Ils me répondirent que leur métier consistait uniquement dans le trafic des perles et qu’ils ignoraient tout des choses de la marine.

Ils ajoutèrent que très probablement je n’en