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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/76

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Il n’était pas un « sec », par préjugé ni par principe, et, quand l’occasion s’en présentait, il acceptait volontiers, surtout s’il était en train de trimer dur, un verre de bouteille carrée[1] ou de whisky.

Mais il savait la nécessité d’être tempérant sur le chapitre des boissons fortes. Il avait vu trop d’hommes sains et vigoureux se déshonorer et mourir, par suite de l’abus de l’alcool. Alors il jugeait bon de se modérer.

Quand je lui demandai quel intérêt il pouvait bien prendre à me voir revenir du club un peu plus tôt, un peu plus tard, il me répondit que j’étais libre de mes actions, mais que les heures avancées de la nuit étaient mauvaises pour la santé et que les fièvres malignes tombaient des arbres sur ceux qui s’attardaient dehors plus que de raison.

Si Otoo, ce primaire en somme et si curieux, était un déductif, chez qui s’ancrait solidement

la leçon acquise, il était aussi un intuitif de premier ordre.

À Papeete encore, je fus, pour une histoire de guano, mis en rapport avec un escroc, un compatriote nommé Randolph Waters, qui m’embobina avec une habileté sans pareille. J’ignorais tout de son passé, et aucun blanc, à Tahiti, n’en savait plus que moi sur son compte.

Otoo n’en connaissait pas davantage, Mais quand il me vit m’acoquiner avec ce louche personnage, immédiatement il se défia.

  1. La bouteille carrée es le genièvre.