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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/82

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J’étais donc venu à Samoa, sur la Santa-Anna. Une centaine de-sauvages étaient accourus sur le rivage, avec des gestes amicaux, à la vue du canot qui m’amenait.

Au moment d’aborder, une forte vague lança soudain l’embarcation sur la grève, où elle chavira avec tous ceux qu’elle portait.

Dans l’instant, tous les sauvages se jetèrent sur nous pour nous massacrer. Et, dans le désarroi qui se produisit, nul doute qu’ils n’eussent réussi, en dépit du canot de protection qui faisait vainement force de rames, si Otoo, sans perdre la tête, n’eût saisi à pleines mains les marchandises d’échange que nous avions apportées avec nous et ne les eût, pêle-mêle, projetées de droite et de gauche : paquets de tabac, grains pour colliers, tomahawks, couteaux de poche et pièces de calicot.

C’en était trop pour les têtes crépues. Elles s’élancèrent en se bousculant sur tant de trésors, et le canot, durant ce temps, rapidement remis à flot, eut tout le loisir de rallier la Santa-Anna, sans avoir perdu un seul homme.

Bien plus, alléchés par la splendeur de leurs rapines, les noirs s’en revinrent d’eux-mêmes, au cours de l’après-midi, vers la Santa-Anna avec un joli lot de recrues, qu’ils m’offrirent moyennant un léger supplément, Je traitai pour trente hommes.

Où Otoo se révéla plus étonnant encore, ce fut à Malaïta, réputée pour la plus sauvage et la plus redoutée des îles Salomon :

Les indigènes nous avaient, à distance, prodigué