Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/105

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était suspendu dans l’air, au-dessus de sa tête. L’Inconnu, avec toutes ses terreurs, l’envahit et, instinctivement, il recula sous le couvert d’un buisson voisin. En même temps, un grand souffle l’éventait et un corps ailé passa rapidement près de lui, sinistre et silencieux. Un faucon, tombant des hauteurs bleues, l’avait manqué de bien peu.

Pantelant, mais remis de son émotion, le louveteau épia craintivement ce qui advenait. De l’autre côté de la clairière, la mère-ptarmigan voletait au-dessus du nid ravagé. La douleur de cette perte l’empêchait de prendre garde au trait ailé du ciel. Le louveteau, et ce fut pour lui, à l’avenir, une leçon, vit la plongée du faucon, qui passa comme un éclair, ses serres entrées dans le corps du ptarmigan, les soubresauts de la victime, en un cri d’agonie, et l’oiseau vainqueur qui remontait dans le bleu, emportant sa proie avec lui.

Ce ne fut que longtemps après que le louveteau quitta son refuge. Il avait beaucoup appris. Les choses vivantes étaient de la viande et elles étaient bonnes à manger. Mais aussi les choses vivantes, quand elles étaient assez grosses, pouvaient donner des coups ; il valait mieux en manger de petites, comme les poussins du ptarmigan, que de grosses, comme la poule ptarmigan, que le faucon avait cependant emportée. Peut-être y avait-il d’autres ptarmigans. Il voulut aller et voir.

Il arriva à la berge du torrent. Jamais auparavant, il n’avait vu d’eau. Se promener sur cette eau paraissait bon, car on ne percevait à sa sur-