Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/108

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proie à une impression de solitude et de cruel abandon, afin de regagner la caverne et d’y retrouver sa mère.

Il rampait sous quelques broussailles, quand il entendit un cri aigu et qui l’intimida fort. Une lueur jaunâtre passa en même temps, rapide, devant ses yeux. Il regarda et aperçut une belette. C’était une petite chose vivante, dont il pensa qu’il n’y avait pas à avoir peur. Plus près de lui, presque entre ses pattes, se mouvait une autre chose vivante, celle-là extrêmement petite, longue seulement de quelques pouces, une jeune belette qui, comme lui-même, désobéissant à sa mère, s’en allait à l’aventure. À son aspect, elle essaya de s’échapper. Mais il la retourna d’un coup de patte. Elle fit entendre alors un cri bizarre et strident, auquel répondit le cri aigu de tout à l’heure, et une seconde n’était pas écoulée que la lueur jaune reparaissait devant les yeux du louveteau. Il perçut simultanément un choc, sur le côté du cou, et sentit les dents acérées de la mère-belette qui s’enfonçaient dans sa chair.

Tandis qu’il glapissait et geignait, et se jetait en arrière, la mère-belette sauta sur sa progéniture et disparut avec elle dans l’épaisseur du fourré. Le louveteau sentait moins la douleur de sa blessure que l’étonnement de cette agression. Quoi ? Cette mère-belette était si petite et si féroce ? Il ignorait que, relativement à sa taille et à son poids, la belette était le plus vindicatif et le plus redoutable de tous les tueurs du Wild, mais il n’allait pas tarder à l’apprendre à ses dépens.

Il gémissait encore lorsque revint la mère-be-