Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

domptable et terrible, qui savait si bien combattre, et tuait tout ce qui lui résistait, et n’avait jamais peur.

Elle arrivait, courant et grondant. Elle avait perçu la plainte de son petit et se précipitait pour le secourir. Elle bondit au milieu du groupe, magnifique, transfigurée dans sa furieuse et inquiète maternité. Son irritation protectrice était un réconfort pour le louveteau, qui sauta vers elle, avec un petit cri joyeux, tandis que les animaux-hommes se reculaient, en hâte, de plusieurs pas. La louve s’arrêta, près de son petit, qui se pressait contre elle, et fit face aux Indiens. Un sourd grondement sortit de son gosier. La menace contractait sa face et son nez, qui se plissait, se relevait presque jusqu’à ses yeux, en une prodigieuse et mauvaise grimace de colère.

Il y eut alors un cri que lança l’un des hommes.

Kiche ! – voilà ce qu’il cria, avec une exclamation de surprise.

Le louveteau sentit, à cette voix, vaciller sa mère.

Kiche ! – cria l’homme à nouveau, durement, cette fois, et d’un ton de commandement.

Et le louveteau vit alors sa mère, la louve impavide, se plier jusqu’à ce que son ventre touchât le sol, en geignant et en remuant la queue, avec tous les signes coutumiers de soumission et de paix. Il n’y comprenait rien et était stupéfié. La terreur de l’homme le reprenait. Son instinct ne l’avait pas trompé et sa mère le subissait comme lui. Elle aussi rendait hommage à l’animal-homme.

L’Indien qui avait parlé vint vers elle. Il posa