Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/140

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plus rapide qu’aucun autre petit chien de sa taille et plus alerte que Lip-Lip. Sans donner toutefois toute sa vitesse, il se contenta de garder la distance nécessaire, celle d’un bond environ, entre lui et son poursuivant.

Lip-Lip, excité par la chasse et par l’approche imminente de la victoire, perdit toute prudence et oublia l’endroit où il se trouvait. Quand il s’en rendit compte, il était trop tard. Après avoir traversé, à fond de train, une dernière tente, il tomba en plein sur Kiche, attachée à son bâton. Il jeta un cri de stupeur, mais déjà les crocs justiciers se refermaient sur lui. Quoique Kiche fût liée, il lui fut impossible de se dégager d’elle. Elle le mit sur le dos, les pattes en l’air, de manière à l’empêcher de fuir, tout en le déchirant et lacérant.

Quand il parvint enfin à se rouler hors de sa portée, il se remit sur ses pieds, en un affreux désordre, blessé à la fois dans son corps et dans sa pensée. Sa fourrure pendait autour de lui, en touffes humides, que les dents baveuses de la louve avaient tordues. Il demeura là où il s’était relevé et, ouvrant largement sa petite gueule, éclata en une longue et lamentable plainte de chien battu. Mais il n’eut pas le temps d’achever sa lamentation. Croc-Blanc, fondant sur lui, lui planta ses crocs dans son train de derrière. Il n’avait plus de force pour combattre et honteusement se sauva vers sa tente, talonné par son ancienne victime, qui s’acharnait à ses trousses. Quand il eut rejoint son domicile, les femmes vinrent à son secours et le louveteau, transformé en démon, fut finalement chassé par elles, en une fusillade de cailloux.