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Page:London - En pays lointain.djvu/101

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SIWASH

filerais. Je ne moisirais pas dans un camp alors que le Yukon va se geler d’un moment à l’autre et tandis qu’il reste encore plus de la moitié de l’équipement à transporter. Et vous, des hommes, vous êtes là, assis, vous tournant les pouces. Un peu de vent et de pluie vous font peur. Franchement, les Yankees sont faits d’une autre étoffe ! Ils seraient en route pour Dawson, dussent-ils passer à travers tous les feux de l’enfer. Et vous, vous !… Ah ! que ne suis-je un homme !

— Je me félicite, ma chère, que vous ne le soyez pas, répliqua Dick Humphries qui, d’une torsion adroite et d’un coup sec, retirait l’aiguille engagée dans le cuir.

La rafale asséna, à ce moment même, une large claque sur la tente, tandis que le grésil crépitait contre la toile légère. Rabattue par le courant d’air, la fumée apporta, par la porte du foyer, l’âcre odeur du sapin vert.

— Bon Dieu ! Comment faire entendre raison à une femme ? se disait Tommy, dont la tête émergea d’un nuage compact, les yeux rougis par la fumée.

— Un homme ne pourrait-il montrer un peu plus d’énergie ? reprit Molly aigrement.

D’un bond, le marin se redressa ; il poussa un formidable juron et, dénouant les rideaux de la tente, il les entr’ouvrit brutalement.

Le spectacle qui apparut n’avait rien d’engageant :