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EN PAYS LOINTAIN

ni l’imagination ne sont capables de rendre.

Le monde qu’il avait quitté depuis si peu de temps, avec ses nations industrieuses et ses vastes entreprises, lui semblait déjà bien loin.

Parfois des réminiscences le hantaient — souvenirs de marchés publics, d’expositions, de rues populeuses, de toilettes, de soirées, de fonctions sociales, d’hommes honnêtes et de femmes aimées, qu’il avait connus — mais c’étaient là comme les souvenirs confus d’une vie qu’il eût vécue des centaines d’années auparavant sur une autre planète. Ces visions devenaient pour lui la Réalité. Debout, à quelque distance de la girouette, les yeux rivés au ciel polaire, il n’arrivait pas à admettre l’existence réelle des terres du Sud et à se figurer qu’en ce moment même, elles bourdonnaient de vie et de mouvement. Non, il n’y avait pas de Sud, pas d’hommes, pas de fiançailles, pas de mariages. Derrière ce morne horizon s’étendaient de vastes solitudes et d’autres plus immenses encore. Il n’existait pas de pays ensoleillés à l’atmosphère lourde du parfum des fleurs. Ce n’étaient là que d’anciens rêves de paradis. Les pays lumineux de l’Ouest, les pays des épices de l’Est, la riante Arcadie et les Îles bénies des Bienheureux. Ah ! ah ! Son rire fendit le néant et ce bruit inaccoutumé le surprit. Il n’y avait pas de soleil. Tout cela représentait l’univers inerte, glacé et sombre, et il en était le seul habitant.

Mais Weatherbee ? En ces instants-là, Weatherbee n’entrait pas en ligne de compte. Il le considérait