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L’APPEL DE LA FORÊT

de la dernière année avaient engendré chez lui la crainte assez justifiée de voir se renouveler ces douloureuses séparations, et il vivait dans la terreur que Thornton disparût de sa vie comme en avaient disparu Perrault et François. Hanté de cette appréhension, il le suivait constamment de l’œil, tendait l’oreille avec anxiété s’il venait à s’écarter, et parfois, la nuit, se glissait jusqu’au bord de la tente pour écouter sa respiration. Ses craintes ne s’apaisèrent que graduellement.

Mais en dépit de cette noble passion, qui semblait attester chez Buck un retour aux influences civilisatrices, le fauve réveillé au contact de son entourage barbare grandissait au fond de lui, la bête féroce devenait prépondérante.

En voyant au foyer de Thornton un chien majestueux, à la vaste poitrine, à la tête superbe, à la fourrure splendide, à l’œil calme et puissant, dernière et admirable expression d’une