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L’APPEL DE LA FORÊT

Gee !… commanda Thornton.

Buck recommença la manœuvre à gauche. Le pétillement devint un craquement, le traîneau remua, les patins grincèrent et glissèrent de quelques centimètres. La glace était brisée ! Les hommes retenaient leur respiration.

Alors vint le commandement final :

Mush !

La voix de Thornton retentit comme un coup de clairon. Buck fit un pas en avant, raidissant les traits, son corps tout entier tendu dans un effort désespéré ; sous la fourrure soyeuse, les muscles se tordaient et se nouaient comme des êtres vivants ; la large poitrine rasait la terre, les pattes se crispaient fiévreusement, les griffes creusaient dans la neige durcie des rainures profondes. Le traîneau oscilla, trembla, parut s’ébranler. Une des pattes de l’animal ayant glissé, un des spectateurs jura tout haut ; puis le traîneau, par petites secousses, fit un mouvement en avant et ne s’arrêta