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LA LOI DU BÂTON ET DE LA DENT

les pousse à mourir joyeusement sous le harnais et leur fend le cœur s’ils en sont éloignés. C’était la passion de Dave comme limonier ; de Sol-leck tirant de toute sa force ; passion qui les saisissait le matin au lever du camp, et les transformait, de brides moroses et maussades, en créatures ardentes, alertes et généreuses. C’était cette même passion qui poussait Spitz à corriger sévèrement toute faute dans le service, à dresser en conscience les nouvelles recrues, mais qui lui faisait en même temps pressentir et combattre toute supériorité capable de lui susciter un rival.

Buck en vint à menacer effrontément l’autorité de Spitz, s’interposant entre lui et ceux qu’il voulait punir. Une nuit, il y eut une épaisse tombée de neige et le matin venu, Pike le geignard n’apparut pas : il restait blotti dans son trou sous un blanc matelas. François l’appela et le chercha en vain. Spitz était fou de rage. Il arpentait le camp,