Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/201

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— Larguez ! cria Jack.

La corde qui retenait le bateau à la rive fut détachée et celui-ci, poussé dans le fleuve, fut aussitôt agrippé par le courant, qui l’emporta dans un tournoiement.

Le condamné, laissant faire le Yukon, ne s’inquiéta pas des avirons. Il s’assit simplement à l’arrière, à portée du gouvernail, et commença à rouler une cigarette. On l’aperçut, de la rive, qui passait la langue sur le petit papier, puis grattait une allumette et enflammait le tabac. De légères bouffées de fumée s’élevèrent dans l’air. Les spectateurs demeurèrent là jusqu’au moment où ils virent le bateau disparaître au prochain coude du fleuve, un demi-mille plus loin. Justice était faite.

Telle était la loi qu’imposaient les colons de Red Cow, qui exécutaient eux-mêmes les sentences, sans aucun de ces retards qui caractérisent la douce justice des civilisés. Aucune autre loi n’existait sur le Yukon que celle qu’ils avaient dû se fabriquer, pour leur usage personnel.

Les premiers de ces aventuriers étaient