Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/24

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Subrepticement, Hou-Hou remplaça la carcasse vide, que le vieux avait déposée par terre devant lui, par un crabe plein, dont il avait fait craquer pattes et carapace, et dont la chair blanche émettait un fumet délicieux. Les narines du vieillard en furent divinement chatouillées et il abaissa son regard, tout étonné.

Sa maussade humeur se mua instantanément en gaîté. Il renifla, renifla, puis, avec un ronron de béatitude, il commença à manger. Et, tout en mâchant des gencives, il marmottait un mot qui n’avait aucun sens pour ses auditeurs :

— Mayonnaise… Mayonnaise…

Il fit claquer sa langue et continua :

— De la mayonnaise ! Voilà qui serait bon… Et dire que voici plus de soixante ans qu’on n’en a vue ! Deux générations ont grandi sans connaître son merveilleux parfum. Dans tous les restaurants, autrefois, on en servait avec le crabe !

Quand il fut rassasié, le vieux soupira, s’essuya les mains sur ses cuisses nues, et son regard se perdit sur la mer. Puis, dans le bien-