Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/91

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reçu cinq cent mille dollars d’honoraires, et à partir de ce moment, son ascension avait été rapide comme celle d’une fusée. On le désignait souvent comme le premier avocat du pays, avocat de consortiums, bien entendu, et personne n’aurait manqué de le classer parmi les trois plus grands hommes de loi des États-Unis.

Il se leva et commença à présenter Ernest en phrases choisies qui comportaient une légère teinte d’ironie sous-entendue. Positivement il y avait une facétie subtile dans la présentation par le colonel Gilbert de ce réformateur social, membre de la classe ouvrière. Je surpris des sourires dans l’auditoire et j’en fus vexée. Je regardai Ernest et je sentis croître son irritation. Il semblait n’éprouver aucun ressentiment de ces fines pointes ; qui pis est, il ne me paraissait pas s’en apercevoir. Il était assis, tranquille, massif et somnolent. Il avait vraiment l’air bête. Une idée fugitive me traversa l’esprit : se laisserait-il intimider par cet étalage imposant de puissance monétaire et cérébrale ? Puis je me pris à sourire. Il ne pouvait pas me tromper, moi : mais il trompait les autres, comme il avait trompé Mlle  Brentwood. Celle-ci occupait un fauteuil au premier rang et plusieurs fois elle tourna la tête vers l’une ou l’autre de ses con-

    les hommes de loi chez leurs clients. Ce fut une recherche analogue à celle du dissolvant universel par les alchimistes du moyen âge.