Page:London - Le Tourbillon, trad Postif, 1926.djvu/96

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— Et j’ai quitté le métier sur-le-champ. Et Billy Murphy s’est moqué de moi à ce sujet. Il est resté fidèle à la profession, bien que ce ne soit pour lui qu’un supplément, car il a un bon métier entre les mains. Mais de temps en temps, quand sa maison a besoin d’être repeinte ou que son aîné a envie d’une bicyclette, il se remue et se fait cinquante ou cent dollars dans quelque club. Je vous ferai faire sa connaissance quand l’occasion s’en présentera. C’est un type à la hauteur, je vous en réponds. Mais ce soir-là, ça m’a rendu malade.

La dureté et l’irritation avaient reparu sur son visage, et Saxonne se surprit à imiter à son insu ce qu’ont fait délibérément bien des femmes dans une plus haute situation sociale. Impulsivement, elle tendit sa main vers celle dont il tenait les guides et l’appuya d’une brève mais ferme pression. Il la regarda, et elle fut récompensée par le sourire de ses lèvres et de ses yeux.

— Oh, mais ! s’écria-t-il, jamais je ne parle comme cela à personne. Je tiens ma langue et garde mes pensées pour moi. Je ne sais pas comment cela se fait, c’est quelque chose de bizarre, mais j’ai la sensation que je voudrais être de vos amis. Et c’est pourquoi je vous débite toutes ces histoires. Il ne manque pas de femmes qui savent danser, pourtant.

Remontant vers le haut de la ville, ils dépassèrent la mairie de la Cité et les gratte-ciels de la Quatorzième rue, puis traversèrent Broadway vers Mountain View, tournèrent à droite du cimetière, grimpèrent la hauteur de Piedmont vers Blair Park, et plongèrent dans la fraîche verdure du cañon de Jack Slayes. Saxonne ne put contenir la surprise et la joie que lui causait la rapidité avec laquelle ils avaient accompli tout ce trajet.

— Vos chevaux sont magnifiques, dit-elle. Je n’avais jamais rêvé d’être traînée par de pareilles bêtes. J’ai peur de m’éveiller et de découvrir que tout ceci n’était qu’un songe. Vous savez, je rêve tout le temps de che-