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soldats et syndiqués maintenaient l’ordre, mais la campagne était livrée à l’anarchie. Deux cents mille êtres avaient fui de San-Francisco, et nous trouvâmes de nombreuses preuves que leur passage avait produit le même effet que celui d’une nuée de sauterelles.

Ils avaient tout balayé, commettant partout vols et violences. De temps en temps, nous passions devant des cadavres étendus au bord de la route ou devant les ruines noircies de fermes incendiées. Les barrières avaient été abattues, les moissons foulées aux pieds, les légumes arrachés, les animaux de basse-cour égorgés par les hordes faméliques.

À l’écart des routes, quelques fermiers s’étaient défendus à coups de fusils de chasse et de revolvers, et tenaient bon encore. Ils nous criaient de passer au large et refusaient de parlementer avec nous. Toutes ces violences et destructions étaient l’œuvre des miséreux et des gens de classe supérieure. Les syndiqués, pourvus d’abondantes provisions, demeuraient tranquilles dans leurs maisons urbaines.

Nous ne devions guère tarder à recevoir des preuves concrètes de cette situation désespérée. Tout à coup, nous entendîmes