Page:London - Le rêve de Debs, trad Postif, paru dans Regards du 7 au 28 mai 1936.djvu/48

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d’une litière de cartouches vides. Il s’était vaillamment défendu. Mais les deux aides italiens avaient disparu, ainsi que la concierge et son mari. Il ne restait plus rien de vivant : veaux, poulains, volaille et bétail de race, tout s’était évanoui. La cuisine et les cheminées, dont on s’était servi, offraient un aspect lamentable, et le nombre des foyers en plein air dénonçait qu’une multitude avait soupé et passé la nuit à cet endroit. Les gens avaient emporté ce qu’ils ne pouvaient manger. Il ne restait pas un morceau à nous mettre sous la dent.

Au petit jour, après une nuit passée à attendre en vain Dakon, nous repoussâmes à coups de revolver une demi-douzaine de maraudeurs. Il fallut tuer un des chevaux prêtés par notre ami et cacher la viande que nous ne pouvions consommer immédiatement.

Dans l’après-midi, Collins alla faire une promenade et ne revint pas. Ce fut pour Hanover la goutte qui fait déborder le vase. Il voulait fuir immédiatement, et j’eus grand-peine à le persuader d’attendre au lendemain.

Pour ma part, convaincu que la fin de la grève générale approchait, je pris la résolution de regagner San-Francisco.